"Meurtres à White House Farm" : le docu-fiction sur l'une des plus sordides affaires des années 80 (2025)

Sans sensationnalisme, sans voyeurisme, avec la rigueur d’un véritable docu-fiction, « Meurtres à White House Farm » explore avec finesse les zones d’ombre de l’une des plus sordides affaires des années 80, qui continue encore aujourd’hui de diviser l’Angleterre.

Revenir, via une fiction sérielle, sur un faits divers atroce, qui a traumatisé tout un pays, n’est pas la tâche scénaristique la plus aisée. Pourtant, depuis 2016, la série d’anthologie « American Crime » en a fait son champ d’action privilégiée. Plus récemment, les séries « Unbelievable », qui revenait sur la sordide affaire de viols en série commis par un maniaque très méticuleux entre 2008 et 2011 dans plusieurs Etats américains, et « The Way They See Us », qui rappelait la sinistre histoire des Central Park Five, en 1989, où quatre jeunes Afro-Américains avaient été inculpé à tort du viol et du meurtre d’une jeune joggeuse blanche, en ont fait la brillante démonstration.

une façon personnelle d’aborder ces crimes

Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire mais d’apporter une façon personnelle d’aborder ces crimes. C’est exactement ce qu’ont entrepris les scénariste Kris Mrska (The Slap) et Giula Sandler (Wentworth) avec « Meurtres à White House Farm ». Plutôt que de montrer le quintuple assassinat familial, qui a épouvanté l’Angleterre des années 80, et suivre le dossier pénal de l’affaire, ils se sont attachés à restituer les zones d’ombre, les rivalités et les jalousies familiales, qui ont provoqué le drame.

Dans la nuit du 6 au 7 août 1985, à 3 h 36, Jeremy Bamber, fils adoptif d’un gros propriétaire terrien de l’Essex, appelle, affolé, la police de Chelmsford. Il dit avoir reçu un coup de téléphone de son père, Neville, lui affirmant que sa sœur Sheila s’était emparé d’un fusil et qu’elle était « devenue folle ». Et que la communication avait été interrompue après un coup de feu. Souffrant de dépressions nerveuses à répétition et diagnostiquée schizophrène, l’ex-mannequin londonien était, en ce week-end estival, avec ses jumeaux, Daniel et Nicolas, âgés de 6 ans, dans la ferme familial, à Tolleshunt D’Arcy. Ce que les policiers vont découvrir va les marquer à jamais.

l’Angleterre toute entière choquée

Comme elle a choqué l’Angleterre toute entière, qui ne pouvait imaginer qu’un tel crime puisse arriver dans ce coin de campagne si paisible. Dans la maison fermée de l’intérieur, Neville, le père, atteint de sept balles, git dans la cuisine, où tout est renversé. A l’étage, June, la mère, atteinte de cinq balles, est affalée sur le plancher de sa chambre. A ses côtés, leur fille, Sheila, qui, apparemment, s’est suicidé en se tirant deux balles dans la carotide, le fusil encore en mains, une Bible ouverte près de sa tête. Dans la chambre attenante, les jumeaux ont exécutés de huit balles, dans leur sommeil. L’un d’eux suçait encore son pouce. Dans le voisinage, personne n’a été réveillé par les coups de feu.

La séquence d’ouverture de la mini-série de six épisodes donne d’emblée le ton de cette vision des meurtres de White House Farm, la caméra circule silencieusement dans la demeure plongée dans la pénombre des Bamber. L’irruption de la sonnerie du téléphone va précipiter le spectateur dans les recoins les plus obscurs d’une famille, en apparence unie et bien sous tous rapports. Le réalisateur Paul Whittington alterne les hors-champs, les superbes vues d’ensemble de champs aux parfaits tracés et les gros plans entre ombre et lumière des protagonistes de l’affaire, qui continue, trente-cinq ans plus tard de diviser l’Angleterre. Car, le travail obstiné d’un enquêteur, Stan Jones, un vieux briscard interprété à l’écran par l’impeccable Mark Addy (Game Of Thrones), qui va révéler l’incohérence du dossier – Sheila n’a pas pu se suicider – et débusquer le véritable coupable de la sauvage tuerie, le fils, Jeremy, est encore aujourd’hui le sujet de polémiques, malgré le témoignage à charge de sa petite amie de l’époque, Julie Mugford, campée par Alexa Davies.

trouble, séducteur, narcissique et manipulateur

Dans le rôle du trouble, séducteur, narcissique et manipulateur Jeremy Bamber, qui rêver d’hériter et jouir seul, seul, loin de la ferme, de la colossale fortune familiale, Freddie Fox (le Roi Arthur) excelle à montrer toute la palette des émotions contradictoires de l’un des criminels les plus médiatisés de ces dernières années. L’acteur a, d’ailleurs, refusé de rencontrer le véritable Jeremy Bamber, condamné à la prison à perpétuité, pour ne pas se laisser influencer par celui clame toujours son innocence et voit ses multiples demandes d’appel rejetées.

Basée sur deux ouvrages, l’enquête de Carol Ann Lee, les Meurtres de White House Farm, et celle de l’ex-mari de Sheila et père de ses jumeaux, Colin Farrell, In Search Of The Rainbow’s End, la saisissante série s’attache autant à la relation toxique et anxiogène qui liait les membres de cette famille respectée qu’au déroulement de l’enquête et aux minutes du procès. Sans sensationnalisme, sans voyeurisme, avec la rigueur d’un véritable docu-fiction.

En respectant jusqu’aux détails de l’intérieur kitsch, triste et poussiéreux des Bamber, et des costumes Hugo Boss que l’angélique, trop éploré et sournois Jeremy Bamber afficha ostensiblement à l’inhumation des cendres de sa famille, avant d’aller faire la fête avec ses amis. Le meurtrier avait cru avoir réussi un crime parfait, demandant même à la police de souiller et de faire disparaître des preuves au prétexte de sa trop grande tristesse – des évidences ont ainsi été brûlées et les corps incinérés, rendant difficile le travail des enquêteurs en butte à leur hiérarchie tout prompte à classer l’affaire sous le vocable « meurtre-suicide ». C’était sans compter sur la volte-face d’une jeune femme amoureuse trompée, abandonnée et humiliée. Et sur l’acharnement de certains membres de la famille Bamber, décidés à rendre justice à la mémoire de la suspecte toute désignée, Sheila. Seuls les mensonges peuvent abattre, c’est ce que nous rappelle brillamment « Meurtres à White House Farm ».

« Meurtres à White House Farm », sur Polar, chaîne du bouquet Canal +.

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